Il y a quelques semaines, nous nous promenions au parc communal afin de profiter de la quiétude matinale des lieux. A cette occasion, je croisai une dame de mon quartier, accompagnée de sa femelle cane corso. Je ne l’avais pas revue depuis plus d’un an et ce qui lui sauta aux yeux, c’est le calme d’Athena auquel elle n’était pas habituée. Le secret de ce changement d’humeur ? Tout simplement avoir modifié le contexte de nos balades…
Flash-back
Lorsque j’ai adopté Athena, alors âgée de près de 4 ans, j’ai commis de grosses erreurs. La première d’entre elles fut, de la placer, inconsciemment, en immersion dès son arrivée. A cette époque, dépourvue de connaissances sur la psychologie et l’éthologie canine, je croyais bien agir. J’avais entendu qu’elle n’avait pas eu la possibilité de découvrir le monde dans sa première vie, et j’ai voulu lui permettre de rattraper le temps perdu.
La seconde erreur, corollaire de la première, était de la balader dans le quartier. Deux fois par jour, en semaine, je lui imposais des promenades dans un environnement trop bouillonnant pour une chienne sensible et inhabituée. J’habite en effet sur un grand axe et, entre les voitures, les bus, les motos, tout était source de stress pour elle.
Déjà un peu réactive à la base, Athena était vite devenue explosive en balade. Et moi, j’ai commencé à manifester de l’hyper-vigilance et à vouloir anticiper en permanence. En quelques semaines, nous étions tombées dans le cercle vicieux des balades stressantes et subies.
Un état d’esprit difficile à modifier
J’avais pourtant reçu le conseil avisé de son éducatrice, me recommandant de changer de lieu, quitte à prendre ma voiture pour aller dans la nature. Je le faisais effectivement le week-end. Mais j’estimais que c’était trop compliqué en semaine à cause de mon emploi du temps. Et donc j’ai continué ainsi pendant presque un an.
C’est à cette période que j’ai rencontré la dame dont je vous parlais dans mon introduction. Elle voyait bien que je galérais à gérer une chienne déclenchant à la moindre occasion. Sa zone rouge était alors étendue sur plusieurs mètres, ce qui est risqué en milieu urbain. Elle pouvait, ainsi, face à un stimulus se lancer carrément sur la rue, au mépris de notre sécurité et de celle d’autrui.
Les premières balades au parc
Limitée dans mes déplacements, suite à une entorse, j’ai dû quelques temps me résoudre à modifier mes tracés. Plus question de marcher sur des sols inégaux, ni de risquer une nouvelle foulure à cause d’un faux mouvement ou d’une tension sur ma cheville. J’ai donc prospecté d’autres lieux, dont le parc de ma commune. Certes, son parcours n’est pas très long, mais j’ai remarqué qu’il apportait beaucoup de plaisir à ma chienne. Elle reniflait plus souvent et plus longtemps qu’en rue.
Quand j’ai pu remarcher normalement, j’ai continué à le fréquenter une fois par jour. Mais, nouvelle erreur, j’ai également repris les balades matinales dans le quartier. Par conséquent, sa réactivité était toujours présente.
Une année qui a changé la donne
Fin 2022, je me suis retrouvée en burn-out. N’ayant plus l’énergie pour contrôler une chienne réactive, ni être dans la vigilance permanente, j’ai abonné les promenades à proximité de la maison. De toutes façons, étant en arrêt de travail, j’avais davantage de temps pour nous deux.
L’air sec et vivifiant, et le ciel lumineux de cet hiver-là m’ont incitée à passer plus de temps à l’extérieur. J’avais grand besoin de m’oxygéner et de me changer les idées. Faisant ainsi d’une pierre deux coups, j’ai commencé à proposer d’autres balades à Athena. Et au passage, à prospecter les lieux de randonnée dans les environs proches. J’ai pu aussi troquer la laisse courte pour une longe, laissant davantage de mouvement et de possibilité d’exploration à ma chienne.
J’ai également passé beaucoup de temps avec un autre binôme. Son contact nous a été très bénéfique en promenade. Athena profitait de contacts sociaux réguliers avec un chien bien codé et auquel elle faisait confiance. Elle le prenait comme référent. De mon côté, j’étais également rassurée par la présence de mon amie, toujours prête m’aider en cas de difficulté.
Face à un stimulus déclencheur, j’ai appris à Athena à envisager d’autres options, comme l’écartement. Ce qui était compliqué à envisager en rue, devenait tellement plus facile dans les bois.
Si j’ai encore maintenu la longe quelques temps, j’ai commencé parallèlement à travailler le suivi naturel avec ma louloute. Pour finalement la lâcher et lui offrir la liberté dont elle avait besoin.
Un an plus tard
Aujourd’hui, ces balades qui autrefois étaient génératrices de stress sont devenues source de bien-être et de complicité pour nous deux. Des couacs surviennent encore de temps à autre, mais j’ai appris à relativiser. Et surtout à ne plus culpabiliser.
Forcément, notre relation, elle aussi, a évolué. Nous avons appris à nous faire confiance. En ayant appris à la lire, je n’ai plus besoin d’être en hyper-vigilance. Je cale mes observations sur son attitude, même si je surveille encore l’environnement.
Elle-même me propose parfois des comportements alternatifs face à une situation qui ne lui convient pas. Cela n’est encore systématique mais on y travaille.
Ce fameux cortisol en cause
Si je vous ai relaté nos difficultés et la réactivité d’Athena en promenade, c’est pour évoquer un élément important dont nous ne sommes pas forcément conscients quand nous accueillons un chien dans notre vie.
Un élément qui nous entraine dans un cercle vicieux quand il n’est pas pris en compte, à savoir le cortisol.
Le cortisol, c’est une hormone secrétée par l’organisme (les glandes surrénales) en cas de stress. En quantité normale, il est destiné à aider le corps à s’adapter. Son niveau monte donc quand le stress survient mais il doit redescendre par la suite. Le hic, c’est que cela peut prendre du temps, de plusieurs heures à plusieurs jours. Et plus l’individu est exposé, plus il en produit; et plus cela prendra du temps avant que le niveau redescende. A force de l’accumuler, il ressemble à une bouteille pleine et dont le bouchon finit par exploser.
Dans mon cas, en exposant trop fréquemment Athena à un environnement qui ne lui convenait pas, je provoquais un niveau de cortisol en permanence trop haut, qui ne pouvait plus redescendre. Dans ces conditions, il était impossible de travailler sur sa réactivité.
Pour ne rien arranger, le stress que j’éprouvais moi-même à l’approche d’un stimulus éventuel se transmettait à ma chienne. Saviez-vous que lorsque nous ressentons cette émotion, nous dégageons, une odeur particulière que le chien avec son flair affuté perçoit directement ? Et bien évidemment, il ne peut que remarquer les signaux corporels que nous émettons sans nous en rendre compte.
Sortir de ce cercle vicieux
Changer de lieu et lui proposer des promenades de qualité (agrémentées d’olfaction, de jeu et de liberté) ont permis de casser ce cercle et de lui offrir le repos émotionnel dont elle avait besoin. Elle est plus sereine et bien plus enjouée quand nous partons en vadrouille. Et, même s’il lui arrive encore de déclencher, cela reste occasionnel et elle se calme beaucoup plus vite.
La raison ? Elle est simple : les moments de stress et d’énervement sont beaucoup moins fréquents. Par conséquent, son organisme ne doit plus s’adapter en permanence. Avec le recul, si j’avais compris ceci plus tôt, je n’aurais pas attendu aussi longtemps pour prendre les bonnes décisions.
Aujourd’hui, j’ai repris le travail, et ce que je pensais comme insurmontable en termes d’organisation pour les balades s’est aussi arrangé. Avoir prospecté pendant un an m’a permis de découvrir des lieux assez proches pour proposer des promenades qualitatives tout en respectant mon emploi du temps.
Et le quartier, me demanderez-vous ? Est-ce que nous l’avons définitivement banni ? Non, mais je le réserve pour les cas exceptionnels quand je ne peux pas faire autrement. Et comme cela reste rare, Athena gère à présent beaucoup mieux quand nous nous y rendons.
Le sujet du cortisol et de la bouteille émotionnelle vous intéresse ? Voici quelque lectures qui pourront alimenter votre réflexion :
- https://evolutioncanine.ca/chien-stress-anxieux-entrainement/
- https://melissa-wachs.com/stress-chez-le-chien-les-differents-types-de-stress-et-leurs-effets-sur-le-comportement-du-chien/
- https://www.nature.com/articles/s41598-019-43851-x
Si vous, aussi, vous vivez ces situations compliquées, n’hésitez pas à prendre contact avec moi. Je serai ravie de pouvoir vous partager mon expérience pour retrouver la sérénité.