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Parcs canins, entre bonne et mauvaise idée

Image de parc canin

Ils fleurissent de plus en plus dans nos communes. Ecaussinnes, Courcelles, Binche… pour ne citer qu’elles. Et tout récemment encore, La Louvière vient d’inaugurer le sien. 

Ces initiatives ne cessent de se multiplier ces dernières années afin d’offrir à nos poilus un espace sécurisé de rencontres où ils peuvent évoluer en toute liberté. Et il faut bien reconnaître qu’ils connaissent un certain succès.  

S’ils sont souvent considérés par comme un lieu de sociabilisation pour nos chiens, est-ce pour autant une bonne idée pour leur épanouissement ?  Examinons cela ensemble.

La superficie

Les espaces de rencontres sécurisés varient considérablement d’un parc à l’autre, et la superficie mise à disposition joue un rôle crucial dans la qualité des interactions. Par exemple, le Parc Schavey de Linkebeek offre une vaste zone boisée de plus de 5 hectares, tandis que celui de Courcelles se limite à 14 ares. Cette différence de superficie peut grandement influencer l’expérience des chiens.

Pourquoi ? Lorsqu’un chien se sent harcelé par ses congénères, ou s’il est mal à l’aise, il peut plus facilement prendre de la distance dans un lieu plus étendu. Dans un parc plus petit, les possibilités de distanciation sont restreintes et cela peut vite devenir une source très importante de stress pour lui.

J’en ai fait l’expérience avec ma chienne Athena dans les deux parcs en question.

Dans le premier à Linkebeek, où la proximité d’un malamute lui procurait de l’inconfort,  j’ai pu observer qu’elle prenait systématiquement de la distance afin de se replacer en zone de sécurité.  Ce qui n’aurait pas pu être possible dans un petit parc.

A contrario, à Courcelles, assaillie par une autre chienne qui lui cherchait querelle, elle a déclenché une crise de panique, faute de pouvoir s’extirper seule de cette situation stressante, amplifiée par l’exiguïté du parc.

Même lors d’interactions positives, comme pendant les phases de jeu, l’espace doit être suffisant pour permettre à nos loulous de se dépenser et courir.

L’environnement

Ce dernier joue aussi un rôle majeur dans la façon dont le chien vivra l’expérience.  Nous ne devons pas oublier qu’un chien aime flairer, quelles que soient les circonstances.  Cette activité peut constituer un moment de partage avec ses congénères.  

Combien de fois n’ai-je pas vu Athena renifler au même endroit que les copains avec lesquels elle se balade. Et seul un environnement varié, logé dans un cadre plus naturel, permet cette diversité olfactive dont ils ont besoin et qui, rappelons-le, contribue à les apaiser.

L’infrastructure et l’encadrement

Quitte à évoquer un environnement riche, notons qu’une zone diversifiée dans ses propositions de jeux sera une véritable valeur ajoutée pour l’épanouissement de nos loulous.  Cette diversification peut être le fait d’éléments naturels, comme des troncs qui jonchent le sol, des talus, ou encore des contrebas.  Toutes ces petites différences de niveau que l’on rencontre en balade et avec lesquelles les chiens aiment jouer. Sans parler des ruisseaux, des morceaux de bois…

Cette zone peut être également aménagée par l’autorité responsable du parc pour proposer, par exemple, des activités d’agility dont nos poilus sont friands.  Certains parcs canins en sont pourvus.  C’est notamment le cas à Ham-sur-Sambre.  Dans d’autres cas, ce parcours sera associé aux chemins de promenade, comme au Parc de la Serna, à Charleroi. Petite précision mais elle a son importance, la Serna est un arboretum, donc un lieu de promenade et de jogging.  Les chiens doivent donc y cohabiter avec les humains qui viennent s’y délasser, comme avec les autres animaux présents.

Lorsqu’il veut s’intégrer à l’environnement, sans le dénaturer, l’aménagement du parc peut parfois soulever un problème de sécurité. Et notamment lorsque les clôtures sont trop basses empêcher les chiens de partir à l’aventure.

Enfin, même si cela implique un surcoût supplémentaire dont le gestionnaire aime se passer, la présence d’un encadrant correctement formé en éducation et comportement peut s’avérer utile. Elle permet, en effet, de surveiller les interactions et d’intervenir lorsque le besoin s’en faire sentir.

Le comportement des humains

On l’oublie un peu trop vite mais notre propre comportement joue un rôle essentiel dans l’expérience que le chien vivra au sein du parc. On peut s’efforcer de rester vigilants, mais il est difficile d’être attentifs en permanence lorsque nous sommes nous-mêmes pris dans une conversation. Et c’est bien souvent dans ces circonstances que les tensions peuvent monter entre nos chiens.

Une éducatrice canine m’a fait, un jour, cette comparaison amusante en m’expliquant qu’un parc canin, c’est comme une plaine de jeux.  Lorsque les parents sont absorbés par une conversation, les enfants peuvent tomber par accident d’un tobogan ou commencer à se bagarrer.  Il en va de même avec nos compagnons poilus…

Dans le même ordre d’idées, rester immobile en présence d’un groupe de chiens n’est pas la meilleure attitude à adopter.  Quand une situation peut potentiellement devenir électrique, il convient de la désamorcer rapidement. Et cela consiste notamment à sortir de la position statique et à se remettre en marche afin que notre chien nous suive et passe à autre chose.  C’est évidemment possible dans un grand parc mais très compliqué dans un petit.

Permettre à son chien de jouer, oui.  Mais considérer qu’il s’agit d’une pause pour nous autres humains, c’est non.

Civisme et communication canine

Les gestionnaires de parcs insistent beaucoup sur la notion de civisme au sein du parc mais encore faut-il la définir. En quoi consiste le civisme dans le cas présent ?  Parlons-nous des interactions entre les chiens ou de l’attitude de leurs gardiens ?

Peut-on systématiquement et sans analyse aucune considérer qu’un chien qui manifeste de manière vive son désaccord à l’égard d’un congénère qui l’aborde un peu trop impoliment manque de civisme ?  Ne faudrait-il prendre en compte les raisons qui ont amené à cette réaction, que l’on juge souvent inappropriée, avant de tirer des conclusions sur le manque de sociabilité du chien réactif ?  Mais cela implique de connaître un minimum les signaux canins de communication et d’être en mesure de décoder son chien.  Malheureusement, cette connaissance est encore trop peu répandue. 

J’ai encore dû, récemment en balade, refuser l’interaction de ma chienne avec un congénère : à son approche, Athena s’est figée et raidie; tandis que l’autre chien (un beagle en l’occurrence) avançait vers nous avec son humaine. Mais il montrait également des signes que cette présentation ne lui convenait pas. La dame était convaincue que cela se passerait bien parce que son chien est sociable -le discours classique- et qu’il était en mesure de se défendre.  Bien-sûr ! En cas de dérapage, l’issue du match aurait certainement été  CLT 1 – Beagle 0.  J’ai donc expliqué à la dame que son chien donnait des signes évidents d’inconfort et lui ai recommandé de passer son chemin.

Interaction entre deux chiens
Photo de Sofia Shultz sur Unsplash

Leur fréquentation

Parlons à présent de la fréquentation de ces plaines de jeux canines.  Comme pour les enfants, la population y est variée et plus ou moins nombreuse selon les moments la journée. Il faut pouvoir composer avec ces paramètres et choisir le meilleur moment pour son compagnon lorsqu’on décide de s’y rendre. 

Il conviendra de faire attention aux points suivants :

Une présentation dans les règles

On imagine souvent qu’il suffit de lâcher son chien quand on entre dans le parc et que tout se passera sans encombre sous le prétexte qu’ils s’arrangent entre eux. C’est fait fi d’un certain nombre de considération importantes, comme leur faculté ou non de communiquer correctement, de leur état émotionnel respectif, et bien d’autres choses encore.

On veillera à assurer les présentations dans les formes pour que l’interaction puisse être positive. Et si lors de cette phase, on détecte un possible risque de mésentente, autant ne pas insister. Cela ne sera profitable à personne, surtout si la sociabilisation est l’objectif recherché.

Les individus présents

A l’instar des humains, les chiens ont leurs amitiés et inimitiés.  Il est illusoire de penser que l’entente sera acquise avec tous les congénères présents.  Parfois, votre chien pourra se montrer réactif à un morphotype précis s’il a déjà connu une mauvaise expérience avec un individu similaire par le passé.

Une diversité « de taille » 

Est-il raisonnable de laisser systématiquement jouer ensemble des individus de taille et de poids trop différents dans les parcs ?  Le risque d’accident existe et il ne faut pas l’oublier.  Mettez en présence un chien imposant et un peu trop brusque face à un teckel, fragile de la colonne. Même s’il s’entendent, des blessures de jeu peuvent survenir. Et, dans la plupart des cas, c’est le petit toutou qui en fera les frais.

Une solution serait, je pense, d’imiter la ville de Wayzata dans le Minnesota : plusieurs parcs coexistent et sont formellement réservés à des chiens de gabarit identiques.  En gros, les chihuahuas sont dans l’un, et les bergers allemands, dans l’autre.

L’effet de groupe

Il n’est pas rare qu’un chien soit pris en course par d’autres comme s’il était un lapin, ou encore en sandwich dans une échauffourée.  Cela peut engendrer un coup de stress qu’il ne faudra pas négliger.

Faut-il proscrire ces parcs ?

Non, évidemment. Mais il ne faut pas les considérer comme le Graal en matière de sociabilisation.  Et ne pas hésiter à se montrer sélectif.  

Pour ma part, il m’arrive encore de m’y rendre avec Athena. Mais je choisis le contexte avec précaution.  

Si le parc est petit, je m’y rends lorsqu’il est désert pour lui permettre de prendre de flairer à sa guise sans être importunée .  Ou bien, si c’est en groupe, je me limiterai à un ou deux autres chiens, maximum, et avec lesquels je suis certaine de l’entente.

Des alternatives existent-elles ?

Assurément; et selon moi, elles restent à privilégier. Si vous en avez l’occasion, je vous conseille d’essayer le concept de « crèche de jour » encadrée. Vous pourrez y déposer votre chien pour plusieurs heures dans une infrastructure adaptée et supervisée par des professionnels en éducation canine.

Les balades sociales constituent une autre piste et sont aujourd’hui proposées par des coachs canins. La composition du groupe est constituée de manière réfléchie.

Enfin, en matière de balade, libre à vous d’en organiser avec des binômes amis.  L’occasion de passer un bon moment en groupe.


Sources :

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1 Comment

  1. Tu cites la ville de Wayzata dans le Minesota, c’est très bien.
    Ces infos sont authentiques et te sont communiquées par le maire de Wayzata qui est un membre proche de ta famille paternelle

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